Diana Kennedy, artiste-auteur située dans les Vosges.

samedi 14 octobre 2017

La Fin du voyage part 2

Le jour suivant nous menait au dessus du Col du singe jusqu'à La Forge, devant Le Tholy. Le temps était changeant avec parfois des petites pluies, mais en somme très agréable. Ni trop chaud, ni trop froid.


C'est sur le terrain d'une belle vielle ferme que Gamin et moi avions trouvé une place pour la nuitée. En montant la tente, j'ai du être très prudente pour ne pas abîmer les grands plants de potirons qui s'étalaient de partout. Comme dans mon jardin à moi, les citrouilles ont envahi nos terres, grâce un un été exceptionnellement fécond.
Le couple qui habite la ferme m'invita à souper avec eux. Nous passions une belle soirée conviviale avec un échange amical et approfondi.

Le jour d'après, nous poursuivions la route . Aujourd'hui il serait sans doute possible d'arriver jusqu'à Liézey. En effet, les chemins étaient beaux et dégagés, l'avancée se faisait comme sur des nuages.

Le Tholy

Malgré tout, je fatiguais vite. J'étais maintenant en route depuis un peu plus d'une semaine et déjà, l'épuisement se faisait nettement sentir. Il y avait une douloureuse évidence que je n'avais pas la même forme comme il y a deux ans, lors du grand périple italien.

Le paysage changeait. Le Tholy est un patelin soigné, touristique et bourré de résidences secondaires, de chalets et de villas. Ce n'est plus la Vôge, avec ses hameaux de maisons abrasées par le temps.



Au bout de quelques heures nous arrivions à Liézey. Ce village que j'étais curieuse de découvrir, puisque je m'étais porté candidate pour un séjour d'artistes. Seulement, je ne leur pouvais pas proposer de rester deux mois, mais juste quelques jours. Le thème de leur action ayant été "passé" je m'avais dit qu'une artiste-voyageuse "de passage" entrerait tout à fait dans l'esprit.
Eh ben non, candidature rejetée pour exactement cette raison.

En entrant dans Liézey, je crus tout de suite mieux comprendre pourquoi. Liézey n'est pas ce petit village bucolique que j'avais cru identifier sur google maps. Là aussi, des maisons bien faits, des villas, des points touristiques. Une auberge avec un rayon épicerie vendait des saucisses à 5 Euros la pièce et des canettes de soda à 3,00
Je commençais à avoir des doutes quand à la facilité avec laquelle j’allais trouver une place de camping.

Une dame en voiture s'arrêta. Elle se présentait comme étant Martine et me proposait d'aller camper sur son terrain qui se trouverait cependant à 3 kilomètres en dehors de Liézey. Gamin et moi nous nous mîmes en route, mais cela n'en finissait plus. Marche sans arrêt sur la départementale  - et surtout, marche dans la mauvaise direction. Je ne suis pas contre le fait de devoir faire des kilomètres supplémentaires, mais il faut que ce soit au moins grosso-modo sur la route.

Alors retour à Liézey. Martine revint et me proposa d'aller prospecter dans le village en quête de trouver un endroit où camper. Un bon nombre de tentatives fut vain et je commençais à me préparer intérieurement au fait qu'on devra peut être quitter Liézey pour aller voir ailleurs, quitte à dormir dans la forêt.
Mais finalement la chance nous souriait : Un monsieur nous accorda la permission de camper sur son pré.
Martine regarda les sabots de Gamin. Selon elle, ils étaient pas mal usés. Et c'était vrai. A vrai dire, j'étais quand même assez surprise. Car au départ, Les sabots avaient un gros surplus de corne. On était parti avec moins en Italie et tout de même, nous sommes arrivées jusqu'en Toscane, pieds nus..mais là...
Martine téléphona au maréchal ferrant qu'elle connaissait et celui-ci arriva aussitôt sur les Lieux.
Son verdict était aussi formel qu'accablant. "La corne est usée jusqu'à plat. Il va marcher sur les fourchettes et là, ce sera les bleus, les blessures et l'arrêt total. On ne peut plus ferrer non plus, il n'y a plus assez de substance.

Eh bien. Voilà que le voyage se terminait. Comme ça, d'un seul coup.
Il ne restait plus qu'à trouver un moyen de rapatriement. Je balançais émotionnellement entre la déception d'un côté et d'un certain soulagement de l'autre. Déçue, parce que j'aurai bien aimé continuer ce voyage magnifique, mais aussi soulagé, parce que, le froid était de plus en plus sévère la nuit et la haute montagne était encore devant nous. Ma santé n'était de loin pas aussi optimale que prévu.

Le lendemain matin, une dame d'un centre équestre arriva avec sa remorque. Le maréchal ferrant était lui aussi sur les lieux pour faire un petit parage sur les sabots de Gamin. Gratuitement. Encore une fois, la solidarité du monde équestre jouait.
Nous faisions monter Gamin dans le van et une petite heure plus tard, nous voici de retour à Harsault.

A suivre...









jeudi 12 octobre 2017

Retour sur la fin du voyage

Ah, le temps passe tellement vite ! C'est pas croyable !  Il est grand temps de redonner un peu de mes nouvelles.

Beaucoup d'entre vous le savent, Deep Forest 5 s'est malheureusement arrêté prématurément. Mais pour ceux qui ne sont pas vraiment au courant, voici un petit récapitulatif.

Après avoir quitté le camp près de la caravane, nous descendions vers Remiremont, toujours accompagnées d'un vent très frais et vif.  A Remiremont même, il fallait encore contourner la ville en empruntant la route des forts, afin d'arriver enfin sur le site du centre équestre où Gamin reçut un beau box, où il passerait aussi son jour de repos. La plaie causée par la sangle me faisait un peu de soucis, or je me rendais chez le véto pour lui demander des pansements.

Gamin doit dire adieu à ses nouveaux potes.


Le soir, mon amie et bourrelière de maison Virginie arriva sur les lieux. Elle nous invita, moi et la gérante du centre équestre à un dîner au Restaurant à Remiremont: Après ces jours de randonnée et de camping, quel luxe!

Le lendemain, une pluie persistante et froide s'installa sur le pays. Mais ce n'était pas un problème car gamin et moi passions la journée bien à l'abri : Gamin dans son box et moi dans le chalet de chez Virginie, nous passions une journée bien tranquille, bien au sec. Virginie quand a elle, fit des travaux sur la sangle, afin d'empêcher les frottements sur le ventre de Gamin : Elle coupait les parties en contact avec la plaie et recouvrait la sangle avec une peau de chèvre. Du travail solide et professionnel comme c'est la règle dans son atelier.



Lendemain, la partie la plus compliquée nous attendait: En tout cas dans mon ressenti. La traversée de Remiremont. Je l'ai déjà dit à plusieurs occasions : J'ai horreur d'aller en ville avec l'âne. Non pas parce que celui-ci aurait peur de la circulation, mais à cause des gens.
Mais on n'avait pas le choix. Pour pouvoir monter sur le fossard, il fallait traverser d'abord Remiremont, puis Saint Etienne.
Heureusement, la traversée se fit sans problèmes. Gamin avançait très bien, visiblement la sangle modifiée le soulagait, donc il suivait à pas vif ce qui nous permit de progresser très rapidement. Aucune rencontre agaçante, aucun incident. Nous arrivions au pied de la montagne de bonne heure et de bonne humeur !

L'ascension était assez agréable, sur des chemins bien balisées. Mais vint quand même l'inévitable moment WTF: Quand vous arrivez sur un carrefour et que le GPS vous dit que non, vous ne pouvez pas emprunter ni le beau chemin à gauche, ni celui à droite mais que, si,si, c'est cet espèce de petit fil de sentier pas plus large que le cul d'un ado anorexique  et qui descend tout droit dans un gouffre merdouilleux, rempli d'arbres en travers, de gadoue et de rocaille.

C'est le genre de truc qui se passe quand lors de la création d'itinéraire, vous voulez partout passer en ligne droite, prenant en compte même les pointillés les plus douteux, au lieu de suivre les chemins plus larges, mais aussi plus longs.

Gamin et moi descendions donc dans le gouffre, a plusieurs reprises je dois le débâter afin de pouvoir passer en dessous des troncs d'arbes.
Pour ajouter au confort, le sol trempé de la journée de pluie, se transforma en véritable marécage. A chaque pas, on s’enfonçait considérablement dans la boue. Je tombais, me relevais et retombais. selon le GPS, cette piste devrait bientôt aboutir à nouveau sur un chemin convenable. Eh bien, la sortie se faisait attendre.
De nouveau un passage hyper-raide, des ronces partout, ça griffait et ça tapait.

Et du coup, je fus prise de panique.
Le cœur - ce cœur qui ne m'avait fait des misères depuis le départ, en se comportant comme un canasson imprévisible qui s'emballe à chaque petit bruit de rien du tout - ce cœur se débattait douloureusement comme un animal affolé en cage et me coupait le souffle. Manquait plus que ça! Seule au milieu de la forêt et - au bord d'une crise cardiaque ?
 Il leur faudra des mois pour trouver mes ossements.

Gamin était à côte de moi, sur cette pente pas possible il se tenait avec calme et fermeté. Il me regardait et soudain il me semblait dire : "panique pas ! On va le faire ! C'est raide, c'est dangereux, mais on en a vu d'autres. On est des pros, nous!"

Il avait raison. Je n'étais pas seule. J'avais à mes côtes mon compagnon absolument fiable qui savait très bien ce qu'il faisait. Si lui, il avançait, c'est que ça peut se faire.

Sur la montagne
Nous continuons donc, encore et encore plus, traversant un marécage parsemé de ronces et de buissons et enfin, nous atterrissions sur la route.

Un peu plus loin, nous arrivions dans un petit hameau où les habitants me montrèrent un bel endroit pour camper, à côté d'une source d'eau fraîche.
Malgré l'effort que cette journée nous avait demandé, j'étais heureuse. Pour la première fois depuis le pèlerinage Aldo Moro, on était de nouveau sur la montagne, on campait dans la nature, entouré d'immensité et de liberté.

A suivre ...