Gamin a bien mangé la nuit et ses nouveax copains, les deux moutons, ont du mal à le laisser partir.
Un âne ami des moutons ? Cela ne va pas de soi. On a entendu parler d'ânes qui auraient attaqué les moutons, les saissisant par la nuque pour les projeter dans le décor. "Il ne vaut mieux pas attacher votre âne à proximité des moutons. En tout cas, ayez une bonne assurance responsabilité civile" avertit un manuel de randonnée asin.
D' un autre côté, les ânes peuvent être formés en gardiens de troupeaux, qu'ils contiennent alors comme le ferait un bon chien berger. Etonnante relation entre ces espèces.
Gamin ne fait rien de tout ça. Il a été inoffensif avec ces moutons et eux, avec lui. La cohabitation, ça marche aussi.
Par contre, elle ne marche pas avec des espèces comme les moustiques, les taons et tout ce petit monde qui pique. Le côté moche de l'été.
Du moins, ma tente a un voile anti moustiques des deux côtés.
Je décidais de faire un petit detour par Bellefontaine, afin de me ravitailler à la boulangerie, avant de ratrapper le GR7 plus loin.
Il faisait una chaleur torride ! Le jour le plus chaud de cette période canicule et cela se sentait.
Longer la route fut un vrai calvaire. Enfin, nous pouvions bifurquer dans les champs, puis retrouver le GR qui nous emena enfin dans la forêt bien fraîche. Très vite, une descente aigue attendit. Il fallait traverser un profond ravin. Au fond du gouffre, une situation qui ne m'était pas inconnue...
Une petite rivière et, au choix, un pont en bois et un gué.
Premier essai de faire passer Gamin sur le pont : tu rigoles ! Non mais.
Le baudait se transforme en statue de bronze. Et il a peut être raison. Ce pont ne me dit rien qui vaille. Les poutres en bois ont l'air neuves, mais les planches, porteront
Elles les 200 kilos de l'âne, charge incluse ?
Non, il faut essayer le gué. Je vais avoir les godasses mouillées, tant pis, ça sèchera. Encore faut il que Gamin accepte de traverser l'eau. Vous le savez. Les ânes et l'eau....
Je me précipite dans l'eau. Ce n'est pas très froid. Gamin bloque, seccoue sa tête, puis hop - il fait un effort et trotte à travers la rivière. C'est gagné. Assurément, ça valait mieux que de risquer un accident sur pont.
Le chemin pour ressortir du ravin est moins raide. Je plains les voyageurs qui font la route en sens inverse.
Malgré tout, nous commencons à être très fatigués. La forêt semble être infinie.
Et soudain, les bois s'ouvrent, des maisons aparaissent. Un hameau, romantique et perdu dans la montagne. La dernière ferme tout au bout est trop allèchante. Je tente ma chance. Nous arrivons sur la cour en même temps que le propriétaire qui revient de son travail.
Et il est d'accord. Nous pouvons camper sur un terrain bien tranquile, avec de l'ombre, de l'eau et de la bonne herbe. Plus tard, sa femme arrive et m'ouvre la caravane garée sur le lieu : " On la met parfois à disposition de randonneurs épuisés".
Le crépuscule arrivait. J'avais de la peine à rester dans la caravane. Car dehors, c'est une nuit sans pareille qui s'épanouit. L'air frais mais toujours chaud est épicé des senteurs de pins et d'herbes, envoûtant et mystėrieux parfums de la montagne nocture. Le chant des grillons vibre dans les prairies. Ceci est la dernière nuit d'été de cette année, je le sais. Dans la mélancolie de l'adieu, une voix solitaire, celle d'une chouette, semble porter en elle la promesse de la résurection. Ce qui meurt cette nuit, renaîtera.
Le lendemain matin, je suis révéillée par un vent frais et humide qui fait torbilloner les premières feuilles jaunes dans la lumière matinale.
L'automne est arrivé.