Diana Kennedy, artiste-auteur située dans les Vosges.

mercredi 1 août 2018

Jour douze - Domrémy

5 heures du matin, allez debout !

Aussitôt sortie du sac de couchage, je me mis à ranger les affaires, démonter la tente  et à charger les sacoches. Une course contre la montre ou plutôt, contre la chaleur.
Aujourd'hui je voulais faire l'étape finale et arriver à notre but : Domrémy-la-Pucelle.
C »était faisable : On m'avait dit que le village était à 10 ou 15 kilomètres maximum. Mais bon, comme toujpours, quand les gens vous disent ça, ils ont en tête les routes normales. Or, notre trajet nous mènerait sur les sentiers de campagne qui se faufilent en serpentines à travers le paysage. Ce sera donc plus long, mais j'étais sûre que c'était faisable. Il fallait juste faire un maximum de chemin avant l'arrivée de la grande chaleur.

Le premier kilomètre nous faisait encore longer la départementale, mais par la suite, nous nous enfoncions dans les champs. Le sentier poussiéreux et sablé  se perdait dans une immensité aride et brûlée. Enveloppés par l'air doux du matin nous nous perdîmes dans une nature martyrisée par la sécheresse, mais d'une beauté singulière.

Le soleil se lève avec sa force terrible


Première grimpette sous un soleil de plus en plus tapant : Pas d'ombre, rien, mais tout en haut, une forêt nous récompenserait avec de l'ombre. L'ascension fut extrêmement pénible. Même du pèlerinage Aldo Moro en Italie, où nous traversions pourtant aussi des vastes zones découvertes sous un soleil de plomp, je n'ai pas le souvenir d'une avancée aussi extrêmement difficile.

La forêt est comme un lointain rivage

Enfin, nous arrivions la crête et pouvions continuer sur un beau chemin forestiers. A chaque pas, un tourbillon de papillons de toutes les couleurs s'envola devant nous.  Un spectacle inhabituel et presque irréel.

Nous sortions de la forêt et, au loin nous pouvions apercevoir la large vallée avec, au loin Domrémy et Greux et un peu plus près, Maxey. On y était presque ! Encore trois ou quatre kilomètres. Oui mais...ces kilomètres devront âtre faits sous le soleil de midi et en zone ouverte, sans ombre.

Dans la forêt, enfin.

Nous avancions en douceur. La chaleur s'abattait sur nous comme un lourd marteau. Gamin avançait rapidement, comme si il voulait accélérer notre arrivée.
Après la traversée de Maxey, il nous restait encore une plaine à traverser. La presque dernière étape.
La fournaise commença ànous ramolir. Ma vue devint trouble, le sol même semblait s'onduler, vaciller...
Nous avancions à bon pas, suant, mais à bon pas. Devant nous, la route principale entrant à Domrémy se trouva désormais à 500 ou 600 mètres.

Et du coup, la longe dans ma main se raidit, j'entendis un soupir, et un grand souffle. Gamin titubait, puis s'effondrait à plat ventre.

Oh non ! Pas ici ! Pas en plein sous le soleil ! Je le déchargeais tout de suite. Je sentais qu'il brûlait ; Il était sérieusement surchauffé. J'ouvris ma gourde d'eau et versais le contenu sur la tête de l'âne. Il se secouait puis se relevait. Ouf ! C'était déjà ça de gagné.
Cela me faisait mal au cœur de devoir le rebâter, mais on avait pas le choix. Le camping était à moins d'un kilomètre d'ici, il fallait qu'il tienne cette dernière distance.

Lentement, très lentement, nous entrions dans Domrémy. Tout de suite, les pancartes, annonçant la maison natale de Jeanne d'Arc nous accueillirent. Mais pour l'instant, la seule chose qui m’intéressait, était le fichu camping.
Encore un peu...pourvu qu'il ne lâche pas en plein sur la route du village.

Enfin, nous atteignîmes le camping. Des arbres ! De l'ombre !

Je déchargeais Gamin lui fit le plein d'eau dans son seau et l'attachais à sa corde. L'herbe n'y était pas abondante : une pelouse tondue à court et brûlée par le soleil. Mais pour l'instant ce qui importait le plus était que Gamin puisse se reposer, à l'ombre et sans rien sur le dos. Je lui donnais un peu de granulées que Serge m'avait donné.

Enfin arrivés !

Je montais ma tente et m'installais. Comme tous les campings municipaux, celui de Domrémy est très austère mais a tout de même tout ce qu'il faut. Gamin tout comme mlmoi,  commencions à nous relaxer et à prendre nos repères.
Vers l'après- midi d'autres voyageurs arrivaient. Entre autre, deux cyclo-randonneurs : Wim des Pays Bas et Burkard d'Allemagne. En fait, la majorité des campeurs étaient soit des hollandais ou des allemands. Ou belges. Burkard et Wim étaient eux aussi épuisées par les kilomètres faits sous la canicule et n'aspiraient que pouvoir se reposer avec une boisson rafraîchissante. Malheureusement, comme pratiquement toujours dans les petits villages, il n'y a ni supérette, épicerie ou autre magasin pour pouvoir approvisionner. Un vrai problème pour le randonneur.
Les « Ah, mais il ya un magasin dans le village X à seulement 6 mm d'ici » ne vous sont d'aucune aide. Les gens qui ne se déplacent qu'on voiture n'ont aucune idée de ce que 6 km représentent, si tu es à pied.

J'avais cependant découvert que le magasin de souvenirs à Domrémy vendait aussi des cannettes et petite bouteilles de boissons. A des prix salés, certes, mais tout de même. Burkard ne perdit rien pour attendre. Il s'en alla et revint avec le bras plein de bières artisanales, dont une aromatisée aux Mirabelles. Ben oui, on est en Lorraine.

Et ainsi, à trois nous étions assis autour de la table, buvant, discutant, riant et mangeant des biscuits. Le feu du jour s'éteignait et fit place à un autre soir doux d'un grand été inoubliable.

Sur le camping



4 commentaires:

  1. Dernière étape bien mouvementée; c'est pas de chance d'avoir eu cette canicule durant presque tout le trajet
    Gamin t'as fait bien confiance pour accepter de repartir malgré la fatigue ; le bât est toujours pénible pour les animaux car c'est un poids mort ; arrivé à l'étape c'est d'ailleurs toujours d'eux qu'on s'occupe en premier avant les chevaux montés
    J'imagine ton soulagement quand tu es enfin arrivée au camping
    La soirée autour d'une bière bien fraiche a du te remettre de tes émotions!

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    1. Oui, Gamin a sacrément bossé sur ce voyage. Porter toute la charge avec cette fichue canicule, ce n'était pas rien. Et comme tu dis, il fait confiance, il suit aussi longtemps qu'il peut. Je sais qu'il irait jusqu'en enfer si je le lui demandais.
      Là, il est en train de se remettre de l'aventure.

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  2. Bravo Diana !
    Félicitations :-)

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