Le jour commença par une bonne nouvelle pour Gamin : la gérante du camping m'informa que la commune était prête à lui offrir un parc clôturé et bien herbeux le temps de notre séjour. Donc fini l'herbe rase et sèche. Le petit terrain se trouvant en plus à proximité du camping, ce fut une solution idéale. Gamin goûtait sa liberté, les arbres et l'herbe haute.
Je pouvais donc de mon côté , me consacrer entièrement à la visite de Domrémy-la-Pucelle.
Mystérieuse Jeanne d'Arc !
Nous voilà donc dans ton pays, la terre qui t'a vu naître.
Le site principal à visiter est bien entendu la maison natale de Jeanne. Cela peut surprendre qu'après six siècles, ce bâtiment soit encore debout. Je connais des immeubles construits il y a 40, 50 ans et qui ne sont guère plus que des ruines. Même si on admet que la bâtisse fut bien entretenue et rénovée régulièrement, c'est quand même – on a envie de dire : un miracle.
Détail troublant : La porte d'entrée est ornée d'un tympan sur lequel on peut lire la date de 1481 en chiffres romains, ce qui est postérieur à la naissance présumée de la Pucelle. (1412 ou 1407 selon d'autres)
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L'église de Domrémy |
Les recherches sur la thématique mettent très vite à l'évidence les nombreuses doutes et hypothèses qui tournent non seulement autour de ce détail, mais sur bien d'autres aspects de l'épopée Joannienne et de la personnalité de l’héroïne.
Comme toujours, les théories de complot ne manquent pas et forment un mélange difficile à dénouer des versions officielles et des questions justifiées à l'égard de celles-ci.
Certains mythes et idées reçues ont été falsifiées définitivement, aussi de la part des historiens officiels : Ainsi, Jeanne n'était pas une « pauvre bérgère » . Cette image procrée déjà lors du vivant de la pucelle, était clairement destinée à susciter une synchronicité avec l'image du Christ, « le bon berger ».
Jeanne elle même a nié avoir gardé des troupeaux.Mais nous pouvons supposer toutefois, qu'elle aida au moins occasionnellement à s'occuper des bêtes familiales, ne serait-ce que parce que ce fut la coutume locale.
Le père de Jeanne, Jacques d'Arc, était un homme relativement aisé.
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Dans la maison natale de Jeanne d'Arc |
Les 4 Euros pour le ticket d'entré payé, je pénétrais donc dans la bâtisse plus dans l'esprit d'être dans une maison du 15eme siècle en général, que vraiment et sûrement dans la maison de Jeanne. Ce qui fut néanmoins une expérience émouvante. Le plancher de l'étage en haut (où le visiteur ne peut pas aller) ressemble – aux mien.
Ma maison date de 1850 environ, c'est bien plus « moderne » que cette bâtisse là, mais les similarités sont tout de même frappantes. C'est assurément la même culture, les mêmes fondements qui ne se transforment que très lentement au fil des siècles.
Il ne faut pas se faire des illusions : Le site à été considérablement modifié au fil du temps. Mais malgré tout, on « sent » quand même quelque chose. Un événement s'est déroulé ici il y a six siècles, un éventement qui a eu des conséquences décisives pour la France, voire l'Europe. Et dans tout ça, voilé et dissimulé dans les récits, les théories et les hypothèses, il y a un élément inconnu. Insaisissable.
A proximité de Domrémy se trouve une forêt, le bois chenu qui joue un rôle important mais peu tangible surtout dans la partie spirituelle. S'y serait trouvé un « arbres aux fées », que Jeanne aurait souvent visité lors de son enfance. Un détail qui a d'ailleurs fortement interpellées le juges lors du procès de Jeanne à Rouen. Et pour cause ! Aller voir des fées dans la forêt est une pratique païenne, ancrée dans la tradition celte. Ce qui suscite – à l'époque comme aujourd'hui – bien des questions quand à la vraie nature de la spiritualité de Jeanne.
Personnellement je pense que Jeanne, tout comme ses contemporains dans le monde rural de jadis, pratiquaient un innocent mélange de vieilles traditions païennes et de Christianisme. Comme un peu près partout dans le monde où l’église s'est superposée sur une culture ancienne.
Jeanne a dû se rendre compte au cours du procès que les éléments païens de sa vie spirituelle lui valent de sérieux ennuis et s'est alors manifestement empressée de christianiser son vécu. C'est d'ailleurs seulement à ce moment là qu'elle identifiera les « voix » et autres apparitions qui la guidèrent, comme étant des entités chrétiennes. Avant, elle ne s'exprima pas quand à leur identité exacte.
Païenne moi même, j'aurais bien évidement aimé voir cet arbre à fées. En pure théorie, il pourrait encore exister – il y a des arbres bien plus vieux que ça, mais nous savons tous que l'endroit en question a lui aussi connu des transformations massives : Notamment une basilique qui y fut construite : la célèbre basilique du bois chenu.
La basilique se trouve à environ 1 Kilomètre et demi du village. Je n'y suis pas allée.
J'étais à pied et franchement, sans vouloir offusquer personne, mais les anciens sites « magiques » écrasés par des églises, ça me mal à l'aise. Alors inutile de marcher sous la canicule pour aller voir ce qui, personnellement, me chagrinerait plus qu'autre chose.
Mais il y a avait peut-être une autre possibilité : certains auteurs et chercheurs ont suggéré que « l'abre des fées », aurait pu être en réalité, un « abre de Fayes »
Un " abre " (ou abred) appartient à la tradition celtique, Il représente le « monde des épreuves », soit le niveau des incarnations.
La « faye » quand à elle est une bûche de tilleul de 60 à 80 centimètres de long, fendillée à l'extrémité et taillée à l'autre bout. Dans les traditions pré chrétiennes de la région, la nuit du solstice d'hiver on l'alluma au grand feu et la fit tourner à grand mouvements de bras. ; c'est alors que, pendant quelques minutes, la nuit s'embrase d'une multitude de lucioles qui dansent, évoquant les nuits d'été et l’éternel renouveau du soleil.
Et si cette tradition avait aussi été pratiquée au temps de Jeanne, voir par elle même ?
La question reste posée. Ce qui est certain est que, non loin du village, dans ce même bois chenu se trouvent les vestiges d'une construction de taille impressionnante, dont on a pas d’explication ni de la provenance ni du pourquoi. Mais il est probablement d'origine celtique
Il s'agit d'une sorte d'appareillage constitué de gros blocs de pierre, et formant une sorte de double promontoire. Le « style » n'est pas sans rappeler le fameux « mur païen » en Alsace ou encore des construction du type cyclopéen que j'avais aussi vu en Italie.
Ceci m’interpellait et je pris la décision d 'aller visiter ce site le lendemain.
Sur le camping je fis une autre belle rencontre: Un Voyageur belge et son fils parrainé faisaient un tour dans la région et s'intéressaient à mes recherches sur le sujet. En particulier des vestiges celtiques au bois chenu. Nous décidâmes de nous y rendre tous les trois le lendemain.
la nuit même nous offrit un autre spectacle : Eclipse lunaire ! la plus longue de ce siècle. Ce ne fut pas sans me rappeler mon arrivée à Torrita Tiberina, également sous une "Super Lune". Une fois de plus, mon pèlerinage avait abouti au bon moment au bon endroit.